« Dubrovnik, où les murs de pierre caressent la mer, révèle des instants suspendus entre foule et silence. »

Dubrovnik – La pierre, la mer et le vide

Il y a des villes qui parlent fort, et d’autres qui chuchotent.

Dubrovnik, elle, ne dit presque rien. Elle se montre. Elle s’impose. Elle s’efface.

Quand je suis arrivé ici, j’ai été frappé par la lumière – crue, blanche, tranchante.

Et par la pierre – vieille, lisse, brûlante.

Tout était déjà là. Tout semblait figé. Comme si rien ne pouvait arriver.

Alors j’ai arrêté de chercher les scènes. J’ai commencé à chercher les silences.

Photographier l’attente

À Dubrovnik, j’ai appris à regarder autrement.

Il y avait trop de beauté, trop de murs parfaits, trop de lumière.

Et paradoxalement, cela m’a obligé à épurer.

À ne capter que l’essentiel.

À attendre que quelqu’un entre dans le cadre.

Ou à photographier même s’il n’y avait personne.

Cette série est construite dans l’attente.

L’attente d’un mouvement. L’attente d’un contraste.

L’attente d’une vibration dans cette ville trop calme, trop lisse, trop ancienne.

Une ville minérale

Dubrovnik est une ville de pierre.

Et dans cette matière, j’ai vu des souvenirs.

Des couches. Des rides.

Chaque mur semblait porter le poids de siècles d’histoires.

Mais au lieu de me plonger dans le passé, j’ai voulu rester au présent.

Mes photos ne racontent pas l’histoire de Dubrovnik.

Elles racontent une marche lente à travers ses textures, ses ombres, ses répétitions.

Le corps humain devient une apparition furtive.

Souvent seul. Souvent minuscule.

Comme s’il ne faisait que traverser un décor qui ne changera jamais.

Une lumière sans refuge

La lumière ici est verticale.

Elle ne caresse pas : elle découpe.

Elle efface les visages. Elle fait disparaître les détails.

Elle crée des contrastes sans compromis.

Mais dans cette dureté, j’ai trouvé une beauté très particulière.

Une beauté sèche. Sincère. Silencieuse.

J’ai laissé cette lumière sculpter mes images.

Et c’est elle qui donne à cette série sa structure :

— murs blancs brûlés,

— silhouettes fondues dans l’ombre,

— reflets marins éclatés,

— escaliers sans fin.

Regarder sans parler

Photographier Dubrovnik, c’est accepter de ne pas expliquer.

C’est poser son regard, et se taire.

C’est observer une ville qui n’a pas besoin de vous.

Une ville qui continue, même si vous partez.

Et c’est justement là, dans cette indifférence tranquille, que j’ai trouvé mon point d’ancrage.

Conclusion

Cette série est une respiration.

Un pas de côté dans mon parcours.

Un exercice d’équilibre entre la forme et l’absence.

Elle n’est ni une carte postale, ni une exploration.

Elle est une contemplation.

Un moment figé dans la chaleur de la pierre.

Un silence photographié.