« Munich, entre modernité discrète et vestiges bavarois, dévoile ses contrastes au rythme des passants pressés. »

Munich – La distance intérieure

Munich ne s’est pas imposée à moi.

Elle ne m’a pas attiré. Elle ne m’a pas repoussé.

Elle m’a simplement laissé marcher, longtemps, dans un espace où tout semble à sa place.

Et c’est précisément cette sensation qui m’a intéressé.

Ce calme, presque trop parfait. Cette distance entre les choses.

Ce vide qui n’est pas absence, mais respiration.

À Munich, j’ai photographié autrement.

Moins porté par l’humain. Plus attentif à l’espace.

Je n’ai pas cherché la tension, j’ai cherché l’équilibre. Ou peut-être : le point de bascule, juste avant qu’il ne se rompe.

Photographier la retenue

Les rues sont larges. Les bâtiments sont droits.

L’ombre est régulière.

Tout semble pensé, prévu, ordonné.

Mais ce qui m’a arrêté, c’est ce qui échappe à ce contrôle.

Une silhouette en décalage. Une fenêtre entrouverte.

Un passant solitaire à contretemps.

Je n’ai pas cherché la surprise.

J’ai attendu les fissures.

Un langage d’espaces vides

Dans cette série, l’espace prend le dessus.

L’humain devient ponctuation, détail, incident visuel.

Les murs parlent plus que les regards.

Les ombres structurent plus que les gestes.

Et c’est dans ces pleins trop pleins, ces vides trop vides, que j’ai placé mon cadre.

Munich m’a obligé à ralentir davantage.

À photographier moins. Mais à regarder plus.

Une ville qui ne s’offre pas

Il n’y a rien d’évident à Munich.

Et c’est peut-être pour cela que cette série existe.

Parce que j’ai dû me taire pour écouter.

Parce que j’ai dû arrêter de chercher pour commencer à voir.

Cette ville n’a rien d’exubérant.

Mais elle a une cohérence.

Et cette cohérence, lorsqu’elle est brisée par un détail – un reflet, une marche, une ombre diagonale – devient photographie.

Conclusion

Cette série n’est pas une carte.

C’est un mouvement intérieur à travers une ville extérieurement calme.

Munich m’a offert un terrain de silence, de structure, de lenteur.

Et dans ce silence, j’ai posé mes cadres.

Un peu à distance. Un peu dedans.

Comme on photographie une mémoire en construction.